Les personnes ayant un mode de vie plus solitaire peuvent développer de grandes qualités et forces sans pour autant être antisociales. Préférer passer son vendredi après-midi à lire un livre sur son canapé plutôt que de sortir dans un bar bondé ne signifie pas nécessairement que cette personne est « antisociale ». Le plus souvent, elle préfère ces moments de paix et de tranquillité en sa compagnie plutôt que l’agitation et le brouhaha d’une foule de gens. C’est un autre style de vie qui peut également cohabiter avec celui d’une personne ayant des préférences sociales plus actives. Un moment seul n’a pas toujours été bien vu, car il a souvent été associé au terme « antisocial ». Pour approfondir ce sujet, les chercheurs en psychologie moderne ont distingué deux types de solitude. L’une d’elles est destinée à la détente et à la connaissance de soi, et serait celle que ressentiraient les personnes qui préfèrent rester chez elles à lire ou à regarder une série sur leur canapé. L’autre type de solitude est plus agressif, il correspond à ce sentiment de déconnexion sociale et s’accompagne souvent d’une faible estime de soi. Dans un podcast publié par l’Association américaine de psychologie, les universitaires Thuy-Vy Nguyen et Netta Weinstein ont expliqué les qualités que peuvent présenter à long terme les personnes qui mènent volontairement une vie plus solitaire. Parmi ces caractéristiques, on trouve la réduction du taux d’hormones du stress, une cognition plus aiguë et une meilleure humeur générale.
Forces et qualités
Conscience de soi
Une étude qualitative publiée par la Bibliothèque nationale de médecine avertit que les personnes qui choisissent de passer du temps seules développent une connaissance de plus en plus approfondie d’elles-mêmes. Ces moments de solitude permettent de faire émerger des pensées et des souvenirs que l’esprit préfère écarter en présence d’autres personnes. Ces minutes passées seul permettent de répondre franchement et sincèrement à des questions qui restent encore sans réponse.
Pendant la pandémie de COVID-19, de nombreuses personnes ont été contraintes de passer de longues périodes seules avec leurs souvenirs et leurs insécurités. « Ai-je bien fait de lui demander cela ? », « Pourquoi nous sommes-nous disputés en réalité ? » : se poser des questions comme celles-ci dans un environnement solitaire permet d’apporter des réponses sincères et concluantes, en éliminant tout préjugé ou masque social.
Créativité
Certains artistes et scientifiques préfèrent les environnements calmes, loin de l’agitation des villes. Ce n’est pas un hasard : dans un travail sur la théorie du comportement solitaire, les psychologues Long et Averill sont arrivés à la conclusion que les personnes qui s’accordaient volontairement du temps seules faisaient preuve de plus d’originalité, de révélations innovantes et de rêveries imaginatives.
Les neuroscientifiques ont avancé la théorie selon laquelle le réseau neuronal du cerveau fonctionne sans limites dans les moments de solitude intense. Cela permet une plus grande originalité dans la création artistique, la résolution d’équations mathématiques ou l’élaboration de plans d’affaires.
Autonomie
La capacité d’agir sans se comparer constamment et sans pression sociale est une qualité qu’offrent ces moments passés seul avec soi-même. Richard Ryan et Edward Deci ont affirmé cette caractéristique fondamentale dans la théorie de l’autodétermination, qui explique que l’être humain ne peut s’épanouir que lorsque l’autonomie, la compétence et la connexion sont satisfaites.
Le développement de cette qualité permet une plus grande clarté dans les choix en fonction de ses propres goûts, il est alors plus facile de refuser les propositions qui ne plaisent pas ou ne convainquent pas.
Régulation émotionnelle
Dans le cadre de la théorie de l’autodétermination, Nguyen, Ryan et Deci ont mené une série d’expériences avec des adultes à qui l’on demandait de passer 15 minutes seuls chaque jour. Les personnes qui se déconnectaient pendant un moment du reste de la société ont commencé à développer avec le temps un plus grand calme et une meilleure régulation émotionnelle. Méditer, nommer ses sentiments ou repenser certains événements permet d’affronter les situations stressantes futures avec plus de calme et de patience.
Approche approfondie
Cal Newport, dans son livre Deep Work, avoue que la concentration soutenue et sans distraction est la norme d’excellence pour obtenir des résultats de grande valeur. Parler à quelqu’un dans le couloir ou répondre à un message peut affecter la performance de tâches complexes. La solitude complète pendant un certain temps aide à limiter la capacité d’attention à ce que l’on veut faire.
Profondeur de la relation
Selon une étude publiée par la Bibliothèque nationale de médecine, les adultes qui passent plus de temps seuls préfèrent investir leur temps dans des cercles plus fermés plutôt que d’entretenir plusieurs relations superficielles avec de nombreuses personnes. En effet, ils accordent beaucoup d’importance au temps passé avec les autres et préfèrent le passer avec des personnes qui vont vraiment satisfaire ce besoin social dont tout être humain a besoin.
Motivation intrinsèque
Choisir un passe-temps selon les normes imposées par la société est plus courant qu’on ne le pense. Lire de la philosophie ou pratiquer des activités de réflexion spirituelle semble être l’apanage d’une personne sage et déterminée, mais la plupart du temps, les personnes qui pratiquent ces activités ne recherchent que l’approbation sociale.
Faire ce que l’on aime seul, que cela soit bien vu ou non par la société, met l’accent sur ce que l’on appelle la « solitude positive ». L’étude Déconstruire la solitude et ses liens avec le bien-être met l’accent sur ce type de solitude et souligne que son développement à long terme permet aux personnes de renforcer leur motivation intrinsèque et d’améliorer leur bien-être.